Les soirs de gros temps
Par Nicole le Mercredi, 15 février 2012, 22:18 - Petite réflexion - Lien permanent
Allez savoir pourquoi, certains soirs, vos talons doivent impérativement marteler le sol. Faire le tour du village y suffit à peine jusqu'à ce que votre corps se redresse enfin, pas après pas, et que les pièces du puzzle se reconstituent jusqu'à ce que tout devienne irréel.
Il faut dire que le décor s'y prête et que l'air pur détend.
C'est comme ça chaque soir de gros temps, cette envie d'arpenter sans rentrer. Parce qu'il fait plus doux?
Commentaires
Et c'est vrai, car c'est rare que vous nous présentiez le village vu de l'autre côté.
;-))
Impressionnante la photo du village dans la mélasse...Mais le montage du haut est très amusant. C'est vrai qu'on ne montre pas assez souvent les "mauvais cotés" d'une région. Les photos de la mer démontée sont très belles. Et celles de la montagne ?
A peine peu plus prosaïque, la photo sans retouche:
Le village dans le brouillard de nuit, y a assez d'illustrations sur ces pages, beaucoup moins de jour, j'espère une fois pouvoir m'y consacrer. Les mauvais côté? Si ça durait au point de nous déprimer, oui, mais c'est rarement le cas et ça a vraiment son charme. Enfin... je trouve.
Une petite idée de la montagne les pieds dans la neige. Un océan en furie ne souffre dans tous les cas aucune comparaison à mes yeux. Nostalgie d'une montagnarde, sans doute. Peut-être me rétorquerez-vous "idéalisme" en me traitant de douce rêveuse. C'tégal.
L'onde, de son combat sans fin exténuée,
S'assoupit, et, laissant l'écueil se reposer,
Fait de toute la rive un immense baiser.
On dirait qu'en tous lieux, en même temps, la vie
Dissout le mal, le deuil, l'hiver, la nuit, l'envie,
Et que le mort couché dit au vivant debout :
Aime ! et qu'une âme obscure, épanouie en tout,
Avance doucement sa bouche vers nos lèvres.
L'être, éteignant dans l'ombre et l'extase ses fièvres,
Ouvrant ses flancs, ses reins, ses yeux, ses coeurs épars,
Dans ses pores profonds reçoit de toutes parts
La pénétration de la sève sacrée.
La grande paix d'en haut vient comme une marée.
Le brin d'herbe palpite aux fentes du pavé ;
Et l'âme a chaud. On sent que le nid est couvé.
L'infini semble plein d'un frisson de feuillée.
On croit être à cette heure où la terre éveillée
Entend le bruit que fait l'ouverture du jour,
Le premier pas du vent, du travail, de l'amour,
De l'homme, et le verrou de la porte sonore,
Et le hennissement du blanc cheval aurore.
Le moineau d'un coup d'aile, ainsi qu'un fol esprit,
Vient taquiner le flot monstrueux qui sourit ;
L'air joue avec la mouche et l'écume avec l'aigle ;
Le grave laboureur fait ses sillons et règle
La page où s'écrira le poème des blés ;
Des pêcheurs sont là-bas sous un pampre attablés ;
L'horizon semble un rêve éblouissant où nage
L'écaille de la mer, la plume du nuage,
Car l'Océan est hydre et le nuage oiseau.
Une lueur, rayon vague, part du berceau
Qu'une femme balance au seuil d'une chaumière,
Dore les champs, les fleurs, l'onde, et devient lumière
En touchant un tombeau qui dort près du clocher.
Le jour plonge au plus noir du gouffre, et va chercher
L'ombre, et la baise au front sous l'eau sombre et hagarde.
Tout est doux, calme, heureux, apaisé ; Dieu regarde.
Victor Hugo - Les Contemplations
4 juillet 1855
Attendez, les images de la montagne démontée, elles ne démontrent rien du tout. Aller photographier le vent, ce n'est pas comme une vague de 25 mètres.
Quant à ses effets, en montagne, c'est soit flou parce qu'il est impossible de tenir tranquille l'appareil photographique, soit parce que ça souffle vilain, en flocons ou grêlons, parfois à l'horizontale, bien mélangés avec une espèce de brouillard rapproché.
Et puis bon, si on est plus haut que les prairies d'altitude, c'est carrément le sablage intensif. Dans ce cas, vous ne sortez pas l'appareil. Déjà rien que le fait d'ôter les gants, ça fait mal, alors imaginez la suite, toute cette poudre grossière de roche qui vous cingle les mains et le visage. Non-non, c'est pas possible. Un paramètre non négligeable, c'est qu'il vient tout de suite très froid.
Mais bon, je transmets à Nicole une photo d'un orage subi sur un alpage, oui, c'est pile à 2'000 mètres. Vous verrez, apparemment, c'est rien du tout, sur l'image.
Et puis par là-haut, 'faut faire gaffe, parce que si c'est la foudre qui s'invite, c'est généralement ce ou ceux qui dépassent du sol qu'elle vient rencontrer.
Oui, la mer et la montagne, elles savent nous émerveiller, mais elles savent aussi nous surprendre ou nous engloutir.
Mais c'est vrai, ce sont deux belles choses.
Z21