APAnniviers - Attention, danger!
Par Nicole le Lundi, 19 décembre 2011, 20:50 - Actu - Lien permanent
Le saviez-vous? 30% du budget valaisan va à la protection. 10% de ce budget est alloué à notre vallée, soit 9 mio de francs entre 1973 l'an 2000, 3 depuis lors, par exemple.
La dernière assemblée primaire anniviarde s'est déroulée comme il se doit sous d'abondantes précipitations. La première avait débuté de la sorte, pas de raison pour que ça change en saison hivernale.
Après le mot d'introduction dense et très informatif du président traitant du contexte économique actuel, mais surtout des enjeux à venir, importants pour le tourisme de montagne [on y reviendra car, y a pas de doute, l'immoblog plongera à sa façon dans la mêlée une fois la campagne amorcée], c'est une présentation hors du commun qui nous a été détaillée par le chef de l'arrondissement du Valais romand, Ingénieur des dangers naturels et sentiers pédestres, Pascal Stoebner.
Anniviers est la 4ème plus grande commune de Suisse. Elle a peu d'habitants, mais un immense territoire à gérer. Ce territoire est soumis à une carte des dangers importante et doit assurer la sécurité des biens comme des personnes, ce qui est le rôle d'une commune, sur la base de normes, de procédures et de subventions édictées par l'Etat.
Les dangers qui menacent un territoire peuvent être des avalanches, des chutes de glace ou de séracs (glaciers), des éboulements, des laves torrentielles, des glissements, des effondrements ou des glissements.
Les avalanches sont ici un mal fréquent, dont les zones potentiellement dévastables sont catégorisées en 3: rouge, bleue, jaune, définies selon l'occurrence [la fréquence de l'avalanche sur une échelle de 300 ans] et l'intensité [évaluée en kN ou kilo Newton]:
Zone rouge:
- une avalanche peut exercer une pression de 30 kN ou plus et sa probabilité de "rechute" remonte jusqu'à 300 ans
- une avalanche exerçant une pression plus faible mais avec un taux de retour inférieur ou égal à 30 ans
Zone bleue:
- des normes inférieures à 30 kN allant jusqu'à 3 kN ou inférieures à 300 ou 30 ans selon l'échelle ci-dessus. Pas envie de tester quand même...
Zone jaune:
- inférieure à 3 kN dont la périodicité est de plus de 30 ans
- peuvent être atteintes par certaines avalanches coulantes extrêmement rares
Y a aussi une zone blanche dont on annonce le non-danger de la sorte: pour autant que l'on puisse en juger, l'action d'avalanches n'est pas à craindre
. Joliment formulé, n'est-ce pas?
Avalanches de surfaces ou de fond, poudreuse ou de printemps [coulante], linéaire ou ponctuelle, plate ou de couloir, etc. à chacune son "caractère" en fonction de la topologie du terrain et/ou des conditions climatiques de l'instant.
Dans un monde idéale, à danger naturel, protection naturelle telles les forêts. Mais, bien évidemment, cela ne suffit pas en toute circonstance et l'on a déjà vu des villages entiers se faire engloutir malgré la sagesse des anciens. En Anniviers aussi, nous l'avons déjà évoqué sur ces pages [Morachyz].
A danger naturel s'opposent surtout nombre d'ouvrages de protection. Cela se perçoit assez tôt sur notre route d'accès. Solides filets d'acier, imposants conglomérats de terre formant de super digues [d'arrêt ou de déviation comme à Zinal et Grimentz], et plus haut sur la montagne des panneaux à vent [vire-vent] ou gazex pour le déclenchement des plaques, auxquels on ajoute des mesures de contrôle comme des capteurs permanents de terrain.
Or, ce n'est pas parce que ces ouvrages ont été édifiés que la carte des dangers est reclassée. Sauf dans certains contextes. Un ouvrage paravalanche influe sur la carte préétablie, certes, en réduisant l'occurrence potentielle, mais pas son intensité qui n'est jamais prévisible. De plus, un ouvrage peut avoir une durée de vie déterminée.
Le règlement de construction et des zones de nos villages se base bien sûr sur la carte des dangers. Inutile de vouloir construire en zone rouge aujourd'hui et, si une construction y est déjà établie, il s'agit rarement d'une habitation, plus facilement d'un local d'agriculture ou d'industrie, non occupé en période hivernale. Et si une résidence d'habitation est sise en zone bleue ou jaune, mais dont l'accès traverse une zone rouge, elle est alors considérée comme étant en zone rouge. Étonnant, hein?!
Plus étonnant encore fut la carte des dangers du village de Zinal [Zinal, dérivé patoisant du mot "chenal"], en tête de billet. Seul, le centre du village n'est pas situé en zone avalanche. Or, et c'est là une des exceptions si j'ai bien écouté, les ouvrages sur-dimensionnés qui protègent l'endroit permettent aux habitations du village de passer en zone bleue.
La route d'accès, elle aussi protégée par plusieurs et imposantes digues [après Mission, après Ayer, à Mottec, etc.], a néanmoins longtemps été fermée ce week-end, coupant ses habitants du reste du monde. Ce n'est pas une première et cela se reproduira à l'avenir.
Il faut dire que nous avons réceptionné bien plus d'un mètre de neige en 2-3 jours entre jeudi et samedi. A ce propos, l'immoblog s'est régalé pour trottiner dans le secteur, appareil au poing. Mais ceci est une autre histoire que je me réjouis de partager avec vous ces prochains jours...
Parmi d'autres, une source très intéressante à propos des avalanches: Fascicule Lutte contre les avalanches en Valais
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Commentaires
Impatient de voir les clichés emprisonnés dans la petite boite de l'Immoblog.
Il faut bien tendre l'oreille mais il me semble qu'ils ne demandent qu'à bondir de la carte mémoire.
Un cadeau pour ... NOËL ! Qui sait ?
Profitez de chaque journée,
Alain.
Le petit plan illustrant les différentes zones de dangers de Zinal est assez impressionnant effectivement. Attention toutefois, le plan d'affectation y apparaît aussi, accentuant un peu la coloration. Toutes les zones représentées ne sont pas exclusivement des zones de dangers. Par exemple le rouge vif au centre est la zone d'habitation collective.
Il n'en reste pas moins que les avalanches menacent une bonne partie du village, effectivement.
Et à ma connaissance (à distance), le guichet cartographique en ligne ne répertorie pas sur l'ancienne commune d'Ayer de carte de dangers des glissements de terrain, ni de chute de blocs. A ce propos le glacier Bonnard est source d'une attention particulière, probablement déjà évoquée sur ce blog.
Pour l'intensité d'une avalanche, c'est en kN/m2 (par mètre carré donc), c'est la pression que celle-ci exerce sur ce qu'elle rencontre.
Vous faites bien de le préciser, irwt, merci beaucoup. Cela peut être utile pour qui n'est pas familier avec ce type de carte ou notre géographie. Il s'agit en effet des zones en pointillé rouge qui se superposent à toutes les autres.
Dans un billet qui traitait d'éboulement et du glacier Bonnard, en effet, on retrouve même des commentaires intéressants à propos de la "Siedlung" [choix et emplacement, action de s'installer. Ce mot n'a pas d'équivalent aussi exact et précis en français à ma connaissance] des villages. Malheureusement, plus d'accès au reportage sur le glacier, les études qui lui sont consacrées. A l'époque, nous avons même été beaucoup d'Anniviards à en [re] ou découvrir son existence.
Mis à part ça et malgré l'aspect alarmiste de notre nature face à ce type de réflexion, y a pas de quoi paniquer. Notre qualité de vie est ici bien meilleure que dans la plupart des endroits du monde et notre sécurité bien mieux assurée, puisque nous avons aujourd'hui la connaissance des dangers naturels, causale et technique, et que nous sommes en mesure de nous en parer ou prévenir. Ok, c'est jamais assuré à 100%, mais moins risqué que l'autoroute ou l'avion.
D'ailleurs, il est bon qu'on nous rafraîchisse la mémoire de temps à autre, histoire de remettre les vraies priorités au centre du village. Nous sommes les invités sur terre et non l'inverse. Ce n'est pas elle qui est faite à notre image, mais à nous de nous adapter, pas gagné... Dans la montagne, cette donne est particulièrement flagrante, au contraire des villes qui sont construites pour servir l'homme dans tous ses désirs.
Voir: http://www.notrehistoire.ch/photo/f...